LA RELIGION ET LES CROYANCES

Les différentes Religions

La religion au Japon est présente presque à chaque coin de rue. En fait, il est quasiment impossible de dissocier religion et croyance, foi et conformisme social, rite et coutume. Il n'existe pas une, mais plusieurs religions, chacune d'entre elles pouvant se diviser en plusieurs courants s'influençant les uns les autres. Les deux religions les plus pratiquées sont le Shintô et le Bouddhisme.

Le Shintô, "la Voie du Divin", est la religion indigène du Japon. De type animiste et  panthéiste, cette croyance chamanique ne possède pas une origine formellement identifiée. Elle serait, pour certains, une survivance des rites de l'époque Jômon, et pour d'autres, issue de croyances provenants de l'Asie du Sud ou de Polynésie. Une dissociation progressive, avec le Bouddhisme notamment, a commencé à s'opérer au VIIe siècle, avant d'être officiellement établie sous l'ère Meiji.
Le Shintô ne possède pas vraiment de texte sacré, même s'il existe certains écrits. Il se base sur le respect des Kami (Dieux), des divinités ou des esprits pouvant habiter toute chose. En découle une grande attention pour la nature et un certain culte des ancêtres.
On distingue traditionnellement 4 branches, le Shintô Impérial (l'Empereur aurait pour ascendant  Amaterasu, le Dieu du Soleil), le Shintô d'Etat (sous l'ère Meiji, il devint la religion officielle), le Shintô Populaire (la population locale a toujours eu une tendance syncrétiste, mêlant à la fois les doctrines Bouddhiste et Shintô) et le Shintô Sectaire.
Les Sanctuaires (Jinja) sont souvent situés dans des sites naturels impressionnants, l'entrée est marquée par la présence d'un Torii (portique en bois, pierre ou béton), de Shimenawa (cordes de chanvre tressée) et de Gohei (guirlandes de papier plié en zigzag), indiquant la nature sacrée des lieux. Le Honden, l'édifice le plus important, abrite un ou plusieurs Kami. Sont conservés à l'intérieur, l'image et le miroir du Kami consacré. Le plus souvent, en face du Honden, se trouve le Haiden, une sorte d'oratoire réservé aux Prêtes.

Concernant le Bouddhisme, la date exacte d'introduction n'est pas établie. Il serait apparu au Japon entre 538 et 552. En 562, la perte des possessions japonaises en Corée et le rapatriement de certains artistes et poètes face à la guerre, favorisa encore un peu plus l'entrée de cette nouvelle religion. Le clan des Mononobe, favorable au Shintô, s'opposait au clan Soga, qui visait à introduire le Bouddhisme comme religion d'Etat. En 587, les Soga écrasèrent le clan des Mononobe, la cour entière se convertie alors et le Bouddhisme devint la religion d'Etat.
Le Bouddhisme axe ses réflexions sur la douleur de l'Homme. Partant du constant que le désir est une source de souffrance, il prône l'ascétisme. Des enseignements du Bouddha Gautama, 4 réflexions ("vérités") sont menées, basées sur l'existence de la souffrance, son origine, les chemins permettant de la faire cesser et la fin de la souffrance. L'objectif étant d'atteindre un état de plénitude totale, délivré de toute souffrance, appelé le Nirvana. En atteignant cette sérénité, on s'affranchit du cercle de la réincarnation pour devenir un être éveillé, un Bouddha.
On distingue dans le Bouddhisme plusieurs grands courants. Celui qui a pénétré le Japon est celui qui est pratiqué dans une grande partie de l'Asie Orientale.
Dans un Temple (Tera), l'entrée est marquée par une porte de taille imposante comportant de chaque côté un Niô (les gardiens). Ils sont des rois célestes qui, n'ayant pas atteint l'illumination, sont néanmoins supérieurs aux hommes. Le Temple est composé d'un pavillon principal, le Hondô (face à l'est ou au sud) qui contient le Honzon (statue principale). Non loin de cet édifice se dresse une pagode.

Les autres religions, représentants à peine 4% de la population, sont les religions du livre, c'est-à-dire le Christianisme et l'Islam.

Visiter un Temple ou un Sanctuaire

Ayez toujours un comportement digne et calme.Vous pouvez vous procurer, dans la plupart des temples et sanctuaires, des amulettes de protection ou des petits morceaux de papier prédisant le futur.

Dans les Sanctuaires (ci-dessous), vous ne devez pas, en principe, visiter si vous êtes malade car c'est une cause d'impuretés. Avant de pénétrer, vous devez vous purifier. Pour cela, vous devez vous rincer les mains à l'aide d'une louche que vous aurez remplie d'eau qui provient de la fontaine. Dans l'absolu, et sans que cela soit une obligation, vous pouvez aussi vous rincer la bouche (ne pas boire l'eau, vous la recracherez en dehors du bassin, dans un espace aménagé à cet effet). Toujours pour vous purifier, il y a souvent des éfluves d'encens (ci-dessous) avec lesquelles vous devez vous imprégner des émanations. Pour prier, vous devez faire une offrande (pièce de monnaie), vous incliner 2 fois, frapper dans vos mains (et/ou faire teinter une cloche), vous incliner une fois. Après votre prière, vous devez vous incliner encore une fois, les paumes des mains jointes. Les photographies sont rarement interdites.

Dans les Temples (ci-dessous), l'entrée est marquée par 2 gardiens (ci-dessous), la prière se fait souvent devant un objet sacré. Avant de faire une prière, il est nécessaire de faire une offrande (pièce de monnaie). Vous devez impérativement vous déchausser pour pénétrer à l'intérieur du temple. Les photographies, autorisées à l'extérieur, sont la plupart du temps interdites à l'intérieur.

Les Amulettes et Portes-Bonheur

Les Omamori (ci-dessous) sont de petits objets religieux. Vous trouverez ces amulettes dans la plupart des Sanctuaires Shintô. Elles sont souvent achetées pour faire un cadeau à des proches. Chaque amulette à un rôle spécifique, elles portent bonheur dans des domaines variés comme la réussite aux examens, la fertilité, la naissance, la sécurité sur la route, la santé, etc...
L'amulette se présente souvent sous la forme d'une petite pochette de tissu maintenue fermée par une cordelette. Cette pochette renferme une effigie d'un Dieu, une petite planche de bois ou une feuille de papier pliée sur laquelle le charme est inscrit. Pour être efficace, le charme doit être porté et ne jamais être lu (l'amulette ne doit pas être ouverte).
En général, ces amulettes ne sont valables qu'une année. Une fois l'année écoulée, vous pouvez rendre votre amulette en la déposant dans un collecteur disposé à cet effet dans les Sanctuaires.

Les Ema (ci-dessous) sont des tablettes de bois sur lesquelles les fidèles écrivent au verso un message destinés aux Dieux. Sur le recto, un cheval est peint, il est sensé apporter aux esprits les messages des hommes. Ces tablettes restent dans les Sanctuaires et sont prises en charge par les Prêtres Shintô.

Le Daruma (ci-dessous) est la représentation figurative d'un religieux Indien d'une secte Bouddhique. Le 5 octobre est la journée commémorative donnée en l'honneur de celui-ci et le 5 mai est le jour national du Daruma. De part sa forme, il se relève toujours lorsqu'on le renverse. Il est tout de rouge vêtu, prend la forme d'un personnage ovoïde et compact, aux grands yeux et aux sourcils épais.  Il est le plus souvent fait de bois ou de papier mâché. Certains sont agrémentés de caractères le destinant à un type particulier de vœu, comme la santé, la sécurité, etc...
Lorsque l'on achète un Daruma (souvent en début d'année), les pupilles de ses yeux ne sont pas dessinées. Le possesseur dessine la première pupille de couleur noire en même temps qu'il fait un vœu. L'autre pupille ne sera dessinée qu'au moment où le vœu sera exaucé. A la fin de l'année ou lorsque le vœu a été réalisé, il est de coutume de brûler le Daruma.
Le Daruma-ichi est une sorte de foire. Lors de cette journée, on rapporte son Daruma au Temple et on se porte éventuellement acquéreur d'un autre plus imposant. Cette foire se déroule le 1er avril de chaque année. Il est de tradition de ne faire qu'un vœu par Daruma et de n'en posséder qu'un à la fois.

Le Maneki-Neko (ci-dessous) est une petite statuette de chat. Son origine est méconnue. Les chats apparurent tardivement au Japon, sans doute vers le VIIème siècle.
Cette céramique est le plus souvent placée sur les devantures des magasins et est destinée à amener la prospérité à l'établissement. Le Maneki-Neko est censé attirer la clientèle et la bonne fortune avec sa patte.
On le représente souvent avec 3 couleurs (blanc, marron et noir). Ces 3 couleurs sont supposées porter chance. Il est possible d'en trouver, bien que cela soit rare, de couleur blanche (symbole de pureté), noire (contre les mauvais esprits), rouge (pour les guérisons), dorée (pour attirer la fortune) ou rose (pour l'amour). Le Maneki-Neko porte un collier rouge auquel est suspendu un grelot doré. Il a généralement la patte gauche levée, pour obtenir une clientèle plus nombreuse. Si la patte droite est levée, c'est pour attirer la fortune. Plus la patte est levée, plus la force d'attraction est grande.

L'O-Bon

Cette fête célèbre le retour des âmes des ancêtres. Elle se déroule du 13 au 15 août dans tout le Japon. Il semble que l'origine de cette fête religieuse Bouddhiste soit indienne. La cérémonie fut introduite de Chine auprès de la Cour Impériale en 657. Vers le Xe siècle, elle se répandit au sein de la population. Dès l'époque Edo, des congés furent accordés aux domestiques pour leur permettre de visiter leurs ancêtres.

L'O-Bon est encore aujourd'hui un moment privilégié où les japonais retournent rendre visite à leur famille dans leur ville natale. L'O-Bon marque un temps de recueillement en mémoire des défunts et de remerciement à l'égard des sacrifices qu'ils ont accompli.
Durant cette période, les esprits des personnes décédées reviennent sur terre visiter leurs familles. Des lanternes sont placées du cimetière à la maison de la famille afin de guider le défunt. Une place est faite à table où des mets sont disposés afin de l'accueillir. C'est l'occasion pour les familles japonaises de visiter les sépultures de leur famille, de les remettre en état et d'y déposer eau et fleurs (ci-dessous). Durant les réjouissances se déroulent les danses Bon-Odori (ci-dessous, danses d'origine religieuse se pratiquant en rond autour d'une estrade de bois sur laquelle se trouvent les musiciens, les danseurs portent en général un Yukata). Au dernier jour de l'O-Bon, des petites lanternes de papier et de bambou, de forme carrée, sont déposées sur les berges des rivières ou de l'océan afin de guider les âmes pour leur voyage de retour (ci-dessous).

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